Lectures, pourquoi des lettres A, B et C?
Les lettres A, B et C désignent les trois années du cycle triennal des lectures bibliques du Lectionnaire pour les dimanches et les fêtes de l'année liturgique catholique. Ce système, introduit par la réforme liturgique du Concile Vatican II, vise à ouvrir plus largement les trésors de la Bible aux fidèles, en permettant une lecture plus abondante et variée des Écritures au cours de trois ans successifs. Ainsi, chaque année met l'accent sur un Évangile synoptique principal : l'année A sur saint Matthieu, l'année B sur saint Marc, et l'année C sur saint Luc, tandis que l'Évangile de saint Jean est lu principalement pendant le Temps pascal et certaines fêtes. Cette structure assure une progression semi-continue dans les textes évangéliques et apostoliques, harmonisée avec les lectures de l'Ancien Testament, pour mieux illuminer le mystère du Christ et favoriser la catéchèse des fidèles.
Le Concile Vatican II, dans la constitution Sacrosanctum Concilium (n° 51), a demandé une réforme du Lectionnaire pour que « les trésors de la Bible s'ouvrent plus largement au jour ». Avant la réforme, les lectures étaient limitées ; le nouveau Lectionnaire, promulgué en 1969 et révisé en 1981, étend les textes sur trois ans pour couvrir une plus grande partie de l'Écriture. Les cycles A, B et C correspondent aux années civiles (l'année liturgique commençant à l'Avent), et leur rotation permet de relire les Évangiles synoptiques de manière systématique :
Les lectures des épîtres apostoliques (comme celles de saint Paul, saint Jacques, saint Pierre ou saint Jean) sont réparties de façon semi-continue sur les trois années, en évitant les textes trop longs ou complexes pour les fidèles. Par exemple, la Première Lettre aux Corinthiens est divisée sur les trois cycles au début du Temps ordinaire, tandis que les Lettres aux Thessaloniciens sont lues en fin d'année liturgique pour aborder les thèmes eschatologiques.
Cette organisation n'impose pas de « thème » rigide à chaque dimanche, mais suit une logique christocentrique : les lectures de l'Ancien Testament sont choisies pour s'harmoniser avec l'Évangile, souvent par une interprétation typologique (où l'Ancien préfigure le Nouveau). Dans le Temps ordinaire, cela permet une lecture presque continue des Évangiles, contrairement aux Temps forts (Avent, Noël, Carême, Pâques) où les textes sont plus thématiques et liés à la vie du Christ.
Dans les saisons liturgiques comme le Carême, le cycle A prend une place privilégiée pour les scrutins des catéchumènes (Samaritaine, aveugle-né, Lazare), mais ces lectures peuvent être choisies dans les années B et C si nécessaire, notamment en présence de catéchumènes se préparant au baptême. Cela renforce la dimension catéchétique et baptismale de la liturgie, reliant l'eau, la lumière et la vie aux sacrements de l'initiation chrétienne. L'Évangile de saint Jean, quant à lui, est réservé aux moments culminants comme la Semaine sainte, pour souligner la glorification du Christ par la croix et la résurrection.
Ce système triennal n'est pas arbitraire : il découle d'une volonté d'équilibre entre fidélité à la Tradition et adaptation pastorale. Comme l'explique la Commission biblique pontificale, la liturgie actualise la Parole de Dieu dans la communauté rassemblée, faisant du Lectionnaire un outil pour que « le texte écrit devienne parole vivante » lors de l'Eucharistie dominicale. Il invite les fidèles à une familiarité progressive avec l'Écriture, évitant la répétition annuelle et favorisant une méditation plus profonde.
En résumé, les lettres A, B et C structurent le Lectionnaire pour une découverte progressive et complète de la Bible, centrée sur le Christ, en harmonie avec le rythme de l'année liturgique. Cette approche, fidèle à l'esprit du Concile Vatican II, nourrit la foi et l'évangélisation au quotidien.
Pourquoi les laïcs ne lisent pas l'Evangiles, ne sommes-nous pas égaux par le baptême, prêtres prophètes et rois?
Dans l'Église catholique, la proclamation de l'Évangile lors de la célébration eucharistique est réservée à un ministre ordonné (prêtre ou diacre), tandis que les laïcs peuvent proclamer les autres lectures bibliques (première lecture et épître). Cette distinction n'implique pas une inégalité fondamentale entre les fidèles, mais reflète la complémentarité des vocations issues du baptême et de l'ordination. Tous les baptisés participent en effet au triple munus (office) du Christ comme prêtres, prophètes et rois, mais de manière diverse selon leur état de vie : le sacerdoce commun des fidèles et le sacerdoce ministériel des ordonnés se distinguent essentiellement, bien qu'ils soient unis dans une même mission ecclésiale. Cette structure liturgique, ancrée dans la Tradition, vise à actualiser la Parole de Dieu dans la communauté, en soulignant le rôle unique du Christ, Head de l'Église, dont les ministres agissent en sa personne.
La liturgie de la messe, réformée par le Concile Vatican II, prévoit une participation active de tous les fidèles à la proclamation de la Parole, mais avec une hiérarchie symbolique et théologique. Les laïcs, formés et institués comme lecteurs (ou exerçant ce ministère), proclament les lectures de l'Ancien Testament et des épîtres apostoliques, ce qui est une expression de leur rôle prophétique baptismal : ils rendent présente la Parole de Dieu en la partageant avec la communauté. Cependant, l'Évangile, considéré comme le « sommet de la liturgie de la Parole », est proclamé par un diacre ou un prêtre, car il témoigne de la présence même du Christ qui parle : « C'est lui-même qui parle quand l'Écriture sainte est lue dans l'Église » (Sacrosanctum Concilium, 7). Cette réserve n'est pas une exclusion des laïcs, mais une reconnaissance que l'Évangile annonce directement la Bonne Nouvelle du Royaume, en lien avec l'autorité apostolique transmise par l'ordination. Ainsi, même un religieux laïc ne peut le faire, sauf exceptions prévues par les normes (comme dans des cas missionnaires).
Cette pratique s'enracine dans la Tradition : dès les premiers siècles, la proclamation évangélique était liée au ministère ordonné, pour signifier l'unité de l'Église sous la conduite des successeurs des apôtres. Le Catéchisme de l'Église catholique explique que les fidèles exercent leur sacerdoce baptismal par la participation à la liturgie, mais le prêtre, agissant in persona Christi, assume une médiation spécifique dans les sacrements et la prédication. Les laïcs ne sont donc pas « inférieurs », mais appelés à une participation plénière : ils écoutent, méditent et répondent à la Parole par leur vie, et peuvent même commenter l'Écriture dans des contextes non-liturigiques (catéchèse, étude personnelle).
Votre référence à l'égalité par le baptême est juste et centrale à la théologie catholique : « Il n'y a plus ni Juif ni Grec, ni esclave ni homme libre, ni homme ni femme ; car tous vous n'êtes plus qu'un en Jésus-Christ » (Ga 3, 28). Par le baptême, tous les fidèles – laïcs, religieux, prêtres – sont configurés au Christ et participent à son office de prêtre (offrant leur vie en sacrifice spirituel), de prophète (proclamant et témoignant de la vérité de Dieu) et de roi (servant et gouvernant par l'amour). Le Concile Vatican II, dans Lumen Gentium, insiste sur cette dignité commune : les baptisés forment un « sacerdoce royal » (1 P 2, 9), où les laïcs exercent pleinement ces munera dans le monde, par leur travail, leur famille et leur engagement social.
Cependant, cette égalité n'efface pas la diversité des charismes et des ministères. Le sacerdoce ministériel (ordonné) diffère « essentiellement et non seulement par le degré » du sacerdoce commun, car il est au service de la communauté pour ordonner et sanctifier : le prêtre, en proclamant l'Évangile, agit comme prophète au nom du Christ, unifiant la communauté autour de la Parole vivante. Les laïcs, quant à eux, sont prophètes par leur témoignage quotidien et leur lecture personnelle de l'Écriture, encouragée par l'Église pour nourrir la foi. Comme l'enseigne saint Paul, l'Esprit-Saint distribue les dons pour l'édification mutuelle du Corps du Christ (1 Co 12, 13), où chaque membre a sa place sans hiérarchie de valeur, mais avec une harmonie ordonnée.
En somme, les laïcs ne sont pas exclus de la Parole de Dieu ; au contraire, leur rôle liturgique et baptismal les rend coresponsables de sa diffusion. Cette distinction honore l'égalité en Christ tout en respectant la richesse des vocations. Pour approfondir, je recommande la lecture personnelle de la Bible, comme le suggère le pape François dans Scripturae sacrae affectus, pour que chaque fidèle devienne un « auditeur attentif » de la Parole. Si vous souhaitez des ressources pour une étude biblique personnelle, n'hésitez pas à demander.